En ce moment, la tétragone est magnifique avec ses feuilles dodues et son port tapissant qui s’étale joyeusement, habillant le potager d’un vert éclatant. Elle est encore plus charmante lorsque la pluie la pare de perles scintillantes glissant sur son feuillage.

Annuelle, bisannuelle, voire vivace en climat doux, la tétragone – *Tetragonia tetragonoïdes* de son nom savant – supporte bien la sécheresse, et de nombreux jardiniers l’adoptent pour remplacer l’épinard qui souffre de la chaleur en été. Surnommée « épinard de Nouvelle-Zélande » pour son origine et son proche de celui de ce légume, ses feuilles charnues et triangulaires peuvent mesurer entre 10 et 15 cm de long.

Les petites fleurs vertes, situées à l’aisselle des feuilles, s’épanouissent en juillet. Les graines, noires et pointues, sont logées dans un fruit dur muni de petites cornes. Prolifiques, elles se ressèment facilement, même si elles ne gèlent pas toujours en . Il suffit d’éclaircir les plants au printemps pour réguler leur croissance. L’idéal est de laisser un petit coin du potager à cette envahisseuse bienfaisante, qui peut couvrir un mètre de sol en tous sens.

La tétragone aime le soleil et les sols riches en humus, et profonds. Cependant, on la retrouve parfois à l’état sauvage, poussant dans le sable ou sur des cailloux, comme je l’ai vue la semaine dernière en bord de mer dans les Côtes-d’Armor. Si vous souhaitez la cultiver, attendez mai pour semer, lorsque la terre est réchauffée. Plantez 3 à 4 graines en poquets, tous les 70 cm en quinconce. Pour encourager la croissance des feuilles, pincez les hampes florales dès leur apparition, ainsi que les extrémités des tiges lors des récoltes. Les feuilles se dégustent de juillet à novembre, voire en hiver dans les régions douces.

Son histoire

Souvent classée parmi les légumes oubliés, la tétragone cornue est surtout méconnue du grand public, bien qu’elle ait été cultivée depuis le XIXe siècle, notamment dans les régions chaudes. Originaire de Nouvelle-Zélande et des îles voisines du Pacifique Sud, elle faisait partie de l’alimentation traditionnelle des Maoris et autres peuples indigènes.

Pour notre santé

La tétragone est une alliée précieuse pour la , riche en fibres et en eau, tout en étant peu calorique. Elle est idéale pour ceux qui surveillent leur ligne, car elle favorise le transit intestinal. Sa richesse en vitamine C renforce l’organisme, tandis que sa teneur en sels minéraux, ainsi qu’en vitamines PP, B1, B2 et C, la rend nutritive. Contenant moins d’acide oxalique que l’épinard, elle peut être consommée sans restriction par les personnes souffrant de rhumatismes.

En cuisine

La tétragone peut être dégustée crue quand les feuilles sont jeunes, ou cuite. Son goût rappelle celui de l’épinard une fois cuite, bien qu’avec une saveur plus iodée. Crue, elle est croquante et légèrement grasse, avec une texture qui rappelle la ficoïde glaciale et un léger piquant en bouche.

Elle se déguste crue en salade, associée à des tomates et quelques feuilles d’oseille, avec un filet d’huile pour un mariage de réussi. Cuite, elle peut être préparée en gratin, sautée ou simplement blanchie quelques minutes, puis assaisonnée de beurre salé et d’un soupçon d’ail. En poêlée, avec des oignons émincés et des lardons, elle constitue un plat complet, surtout si on y ajoute des œufs mollets. Elle accompagne également très bien les poissons et les viandes blanches.